Au dessus des montagnes, le soleil avait depuis longtemps disparu. Du ciel noir descendaient d'épais flocons qui recouvraient tout. L'hiver était là, rigoureux et froid comme le coeur d'une guivre.
Dans la vallée en contrebas, une vallée immaculée et balayée par les vents, on distinguait à peine la hutte des Yorkson. Il venait pourtant de s'y passer un évènement extraordinaire. Ingrid, le visage encore couvert de sueur, et dont la chevelure rousse et défaite se déployait comme un incendie, tenait contre elle une fille née dans la nuit. Un bébé d'un calme étrange, qui ouvrait sur le monde deux grands yeux bleus comme la glace.
Gustaf, immobile, contemplait Ingrid. Sur son visage dansait l'ombre vacillante des flammes du foyer. Tout en eux respirait quiétude et confiance. La naissance s'était déroulée sans encombre. Preuve que les esprits totem veillaient sur eux.
Un craquement sourd retentit alors, couvrant les sifflements du vent. Gustaf se retourna. La porte avait été arrachée de ses gonds et, dans l'encadrement de bois, se tenaient deux inquiétantes silhouettes. La première, minuscule, coiffée d'un haut de forme et tenant un bâton ouvragé le dévisageait de ses petits yeux vifs.. La seconde, plus grande, vêtue comme un bouffon et le visage caché par un masque de carnaval faisait de dégoutants bruits de déglutition.
"Dévore les et ramène moi l'enfant" dit l'être minuscule.
Gustaf resta un instant interdit puis éclata de rire. Que cette chose minuscule et son bouffon le menace, lui, un norn, quelle scène surréaliste. Puis son rire cessa, étouffé par le flot de sang qui sortait de sa gorge.
Ingrid, elle, n'eut même pas le temps de rire.
Sapeek prit l'enfant dans ses bras. "Il lui faut un nom. Que dirais-tu de Griotte ?"
"Nan, c'est déjà pris." "Frea ?" "Déjà pris" Gertrud ? "Déjà pris" "Camilla ?" "Déjà pris"
"Rhalala..." "Ah ouais, ça ça marche..."
Puis ils emmenèrent l'enfant.
(J'le mets là, j'ai pas les droits de poster dans le bidule dédié *edit : tu dois les avoir maintenant*)