Histoire des Amis du Vieux Tom

Le feu crépitait près du nain. C'était risqué d'allumer un feu, même petit, mais les nuit étaient froides à présent et puis de toute façon avec ses ronflements incessant, il y avait déjà beaucoup de risques de se faire repérer.

Sathtrimis décida donc de monter la garde perchée sur les branches d'un frêne juste à coté du campement. Elle pourrait ainsi se rendre invisible est assurer au mieux sa garde. Et puis, les ronflements étaient insupportables...

La nuit était noire et seules les flammes dansaient comme des hobbits sur une table du Dragon. Elle se perdit dans ses pensées.
"Ahhh le Dragon de Lézeau... Que ne donnerais-je pour y être en ce moment. Avec une bonne pinte et une assiette bien remplie. A écouter des hobbits chanter et danser."
Soudain un bruit se fît entendre dans les buissons. Elle arma silencieusement son arc.

Un museau se poita. Puis des yeux écarquillés et des grosses oreilles. Puis tout le reste du cours suivit doucement. Un jeune ours attiré par les restes de nouriture et surement aussi par l'odeur du nain qui devait lui rappeller sa tanière, venait voir s'il pouvait grapiller quelque nourriture.
Il avait l'air apeuré mais la curiosité devait l'emporter. Aussi, décida t-il de s'aventurer plus en avant vers les restes de viande qui jonchaient le sol un peu partout autour de Thorguiln.
Le nain, perdu dans ses rêves eut un petit soubresaut qui fît reculer précipitemment l'ourson. Mais, la curiosité et la faim l'emportèrent à noueau et il vînt finir les restes. Moins d'un quart d'heure plus tard, il ne restait plus rien de commestible à portée de dent. Il se retourna et regarda la bête dormant sous une couverture. Il alla même jusqu'à lui renifler la barbe, ce qui ne réveilla même pas le nain au lourd sommeil. Puis, il passa sa truffe sous la couverture et cela lui plu. Il décida donc de s'allonger tout contre le nain qui en passant machinallement son bras autour de l'ourson ronronna quelques mots : "Hum... hum... ma belle... hum... sommeil... ton nain... jambon... troooooolll ...".
Sathtrimis pouffa de rire et rangea son arc. Après tout, avec la quantité de poils qu'ils ont tous les deux ils se tiendront chaud. Et puis, il me tarde de voir sa tête au réveil...

La nuit passa lentement et tranquillement. Rien ne vînt déranger les ronflements conjugués de l'ours et du nain.

A l'aube, la région pourrait presque passer pour agréable, pensait la hobbite. Mais ces ronflements cassaient, il faut l'avouer, un peu l'ambiance. La discrétion des nains n'était pas légendaire c'est vrai, mais celle de Sathrimis ne cesserait de l'étonner. En effet elle n'aperçut sa cheftaine qu'en approchant tout près du monsieur Thothor, et se voir ainsi visée par une flèche encochée ne lui plut pas plus que ça.
-C'est moi Madame ne tirez pas, chuchota t elle..
Elle s'interrompit en prenant conscience du tableau
-Dites madame....c'est normal que Monsieur Thothor dorme avec...euh...un ours?

Thorguiln entendit du bruit dans son sommeil, ce qui le fit lentement émerger. Il se redressa sur son séant, surpris de ne pas avoir la gueule de bois.
"Ah tiens Marysol ! Salut ma grande ... Tu tombes a pic pour le déjeuner. Tu nous fait quoi de bon à manger ?"

Puis il chercha alentour dans quel buisson ou arbre Sathtrimis pouvait s'être caché, comme à son habitude. Un reflet rapide sur la pointe d'une fleche lui indiqua la direction.
"Salut Sath. Tu peux baisser ton arc ... Dis voir, tu as encore pris la garde toute la nuit ! Tu aurais du me reveiller ! Allez hop, debout l'ours !"

C'est à ce moment seulement qu'il prit conscience de la présence d'un ours à ses cotés, ce qui le fit surgir d'un bond de sous sa couverture.
"Nom de ... par ma barbe, que fait cet animal dans MA couverture ?"

Mais devant la nonchalance du bestiau, Thorguiln reposa son arme et se rapprocha du feu.
"C'est qu'un ourson, je vais y foutre la paix ..."

Fouillant dans un poche, il en sortit une poignée de bonbon au miel qu'il avait piqués à Thuradan, en mangea un, et posa le reste devant l'ourson endormi.
"Alors ce petit dejeuner ? Il est prêt ?"

Se grattant négligemment la barbe, le nain se rapprocha du buisson touffu derrière lequel ils s'étaient camouflés et observa le camp de bandit. Les chariots étaient partis, et la plupart des bandits semblaient endormis dans leur tente en toile épaisse. Les sentinelles ne semblaient pas être très réveillées.
"On déjeune et on va leur foutre leur rouste ? On essaye de choper le chef qu'on a vu hier soir, pour le faire causer ..."

Thorguiln finit son petit-déjeuner composé d'une énorme tranche de brioche au miel, dont les miettes décoraient encore la barbe flamboyante du nain, et de longues rasades d'un alcool très fort, qu'il tirait d'une fiole qu'il avait trouvé dans l'une de ses nombreuses poches, et qu'il faisait passer à la ronde.
"Allez on y va !"

Thorguiln se mit en route vers le camp, faisant un large détour pour ne pas être sous le vent, et ne pas se trahir par son odeur. Il s'approcha des deux sentinelles endormies près de la porte du campement. Il tapota le crane de la première pour la réveiller, sans succès. Aussi décida-t-il d'employer la manière forte et commenca a le secouer énergiquement. Le bandit commenca à ouvrir les yeux.
"Salut ! Bien dormi ?"

Sur ce, Thorguiln lui asséna une énorme patate entre les deux yeux qui ramena la sentinelle au pays des rêves, puis assomma du plat de sa hache la deuxième sentinelle, sans doute réveillée par le rafut. Il remit les deux sentinelles le long du mur, l'air de rien, puis se tourna vers ses deux compagnons.
"Bein quoi ? Qu'est ce que j'ai encore fait ? Là au moins, on est sûr qu'ils se reveilleront pas tout de suite ... Allez on avance."

Prudemment, il s'enfonca dans le camp de bandit, marchant à pas de loup. Repérant la tente de celui qui semblait être le chef, Thorguiln se rapprocha un peu plus.
"Surtout pas de bruits les amis ! On va essayer de le cueillir en douceur, sans rameuter tout le campement. Faites bien attention où vous mettez les pieds. Allez pas me réveiller cette si charmante compagnie de bras cassés !"

A ces mots, Thorguiln buta sans le vouloir dans un pile de casseroles en étain, encore pleine de crasse et de restes culinaires de la veille. Les dites casseroles s'écroulèrent sur la tête de la femme qui dormait ou cuvait à coté, dans un fracas métallique étourdissant. Le nain se tendit, esquissa un sourire d'excuse à ses compagnons d'infortune et attendit la suite. Ce qui devait arriver ... arriva, et en quelques secondes, la plupart des bandits étaient sur pieds, une arme à la main.
"Bon bah on va se la faire comme ca, alors !"

Et sur ces bonnes pensées, Thorguiln se rua sur les premiers arrivant, tapant sur son bouclier et beuglant de singulières paroles de défis destinées à s'attirer les foudres de ses ennemis.
"Allez bande de gobs, montrez moi ce que vous avez dans le pantalon ! Vous préférez ptet que j'appelle vot' mère, chiures de ouargues ? Baruk Khazad ! V'nez voir me voir que je vous apprenne a moucher vot' nez ! Eh toi, blondinet, commence à saigner, j'arrive ! Ahahah, c'est tout ce que vous savez faire ? Bon sang de bois, j'ai connu des trolls qu'avaient meilleure haleine que vous au reveil !"

Et Thorguiln partit dans une de ces crises démentielles et vira berserk, foncant allégrement dans le tas, au mépris de sa propre santé ...

Thorguiln se démenait comme un forcené, entouré de toutes parts par une horde de bandits déchainés. A l'arrière, il pouvait voir le chef de ces brigands, les mains sur les hanches, le sourire aux lèvres et admirant le spectacle. Cela ne fit qu'accroitre encore la colère du nain qui virevolta de plus belle, taillant de droite et de gauche, assénant de violents coups de boucliers à ses adversaires, défoncant les cranes ou tranchant les membres. Un bandit tourna la tête pour éviter un coup de bouclier, laissant apparaitre un creux dans le cou. Il se retrouva proprement coupé en deux. Un autre qui levait le bras pour porter un coup de taille de son glaive vit ses viscères se répandre sur le sol avant de s'affaler à terre en hurlant. Un coup de lourds bottes ferrées abrégea ses souffrances. Les archers n'osaient tirer sur Thorguiln de peur de toucher leurs camarades. Autour de lui, le nombre de ses adversaires diminuait. Un bandit plus agile que les autres tenta une attaque au visage de Thorguiln. Le nain réussit à éviter la lame qui entailla légèrement la joue, faisant voler au passage quelques poils roux de sa barbe. Thorguiln hurla, enroula le bras de son adversaire pour le désarmer et lui coller un coup de boule. Puis il passa sous la lame en tourbillonant, sectionnant les deux jambes du bougre qui avait osé toucher à la précieuse barbe.

Débarrassé de ses adversaires, les archers purent alors le mettre en joue et le cribler de flèches. Thorguiln remonta son large bouclier et les flèches ricochèrent. Puis il se rua sur les tireurs qui prirent leurs jambes à leur cou. A l'arrière, le chef ne riait plus du tout et brandissait son énorme gourdin en bois massif. Thorguiln le fixa droit dans les yeux et se rapprocha de lui, lentement, un sourire mauvais sur le visage, le sang et les tripes dégoulinants de son armure maintenant écarlate. Pas à pas, il se dirigea vers le chef des bandits. Et plus la distance diminuait entre les deux protagonistes, et plus la superbe du bandit disparaissait.

Lorsque Thorguiln fut assez prêt du bandit pour pouvoir le toucher en tendant le bras, ce dernier laissa tomber son gourdin, se mit à genoux et commenca a implorer la pitié.
"Et pourquoi en aurais-je, misérable chiure de ouargue ! Ta vie ne vaut pas l'air que tu respires. Et je ne vais pas tarder à remédier à cela. Alors dis moi, qu'est ce qui te fais croire que je pourrais avoir de la pitié pour un pourceau dans ton genre ?"

"Je ... j'ai des informations qui pourraient vous interesser ! Si vous me tuez, vous ne saurez rien. Mais si vous me laissez partir, je vous dis tout !"

"Des informations ? mouaf, qu'en ai-je a faire ! Ce que je veux, c'est ta tête ! ... De toute manière tu finiras par parler : vous autres, les Hommes, avez une vie si courte que vous êtes prêts à tout pour la conserver le plus longtemps possible. Crois moi, tu finiras par parler. Je donne pas longtemps avant que toi et moi, on ne trouve, comme qui dirait, une sorte d'arrangement. Crois en ma bonne vieille hache ... Par quel doigt tu veux que je commence ?"

Thorguiln agrippa la main du brigand et la posa sur une caisse a cote. Puis il leva sa hache, maintenant toujours la main sous sa poigne de fer.
"Alors comme ca, tu as des choses à dire ? C'est bien ca ! Dis moi, les chariots pleins de vivres, là, ceux qui sont arrivés hier soir et repartis dans la nuit ... ils vont où ? Qu'est ce qui se prépare ? Et qui est l'homme en blanc qu'on a vu hier soir, avec qui tu causais ? Cause ! Et vite ! Je suis pas réputé pour ma patience, et toi tu n'as que 10 doigts ..."

"Les chariots vont au sud-est. Nous avons reçus des ordres pour nous demander de faire main basse sur tous les vivres, armes, armures que l'on pouvait trouver. Le maitre est en train de lever une grande armée dans sa forteresse. Et il a besoin de nourrir et d'équiper ses troupes."

"Où au sud-est ? Et qui est ce maitre dont tu parles avec tellement de peur dans la voix ?"

"Je ne sais pas. Croyez moi, je l'ignore ! Il a une grande forteresse au sud-est, je crois. Ici il est connu sous le nom de Shar ...ggrggbl ..."

Soudain, le bandit s'écroula en gargouillant, une écume verte aux lèvres. Dans sa nuque dépassait une petite flechette en bois noir et plumes de crebains.

Sathtrimis et Marysol entrèrent dans le camp derrière Thorguiln, l'arc et la javeline prêts à fonctionner.

Lorsque le nain trébucha sur la casserole et que les brigands se réveillèrent, Sathtrimis attrapa Marysol par la taille et l'empécha d'aller au combat, puis lui appuya sur la tête pour qu'elle s'accroupisse elle aussi.

Marysol ouvrait de grands yeux et devait surement se demander pourquoi Sathtrimis ne la laissait pas aller Thorguiln.

Alors Sathtrimis lui dit : "Reste cachée et regarde le faire ... il est assez grand pour se débrouiller tout seul tu vas voir... " Puis elle lui sourit paisiblement.

Marysol semblait inquiètes, mais toute trace d'inquiétude s'effaca de son visage quand elle vit que Sathtrimis avait passé une flèche à son arc et se tenait prête à intervenir.


Lorsque le combat pris fin et que lechef des brigands tomba sous le coup du poison, Sathtrimis applaudit.

"Bravo !!"

Thorguiln semblait visiblement content de voir que Sath l'applaudissait.

Mais le visage de Sathtrimis changea du tout-au-tout en un dizièeme de seconde.

"Mais bougre d'âne, tu pouvais pas faire attention au lieu de te pavaner et de marcher sur ces gamelles ? Bon enfin, heureusement que on était là avec Marysol ... parceque tu en aurais raté un ..."

Puis elle pointa du doigt un pauvre bougre appeuré qui gesticulait contre un tronc d'arbre. Son bras droit était cloué à l'arbre par une flèche et une autre flèche dépassait de sa jambe gauche. A ses pieds un loup était transpercé de part en part par une javeline. Surement un maître loup et son animal...

Bon enfin, en tout cas, je vois que tu n'as pas perdu ton ardeur au combat ni ta force ! Et elle lui adressa un clin d'oeil.
Je vais fouiller la tente du chef, allez donc questionner ce pauvre bougre, il saura peut-être quelquechose.

Elle commença à s'avancer vers la tente du chef et lança à voix haute :

"Et ne le tue pas avant d'avoir eut des informations cette fois-ci !"

"Failli en oublier un ... failli en oublier un ... elle en a de bonnes la Sath ! Si elle l'avait pas cloué à l'arbre comme un vieux crébains, il serait venu se faire tanner comme les autres ..."

Sur cette profonde réflexion, Thorguiln alla vers l'homme qui tirait toujours sur la flèche pour se décrocher.
"Oublies ca bonhomme, la grande la bas, elle connait son affaire : ses flèches sont bien affutées, et ca a du s'enfoncer bien profond dans le bois ..."

Thorguiln fait semblant d'étudier la flèche quelques instants puis s'adresse un brigand.
"Je vois deux facon de te sortir de là : je coupe la hampe de la flèche et tu pourras enlever ton bras, ou bien je coupe le bras ... Le problème, c'est que Sath ... c'est la chasseuse dans la tente de ton boss la bas ... sath donc, aime bien ses fleches et repugne à les abimer ... Allez serre les dents, ca fait très mal, mais pas très longtemps !"

Le nain lève sa hache bien haut et s'arrète, le bras levé.
"A moins que ... peut être pourrais-tu répondre a quelques questions, auquel ca, Sath serait surement mieux disposé à ton égard ... Allez on commence : où vont les marchandises ?"

Le brigand, déja fort pale à cause de la douleur, commencait à blanchir carrément, le sang se retirant de son visage à la vue du nain barbouillé de sang et de sa hache.
"Je ne sais pas ... Nous avions pour mission de centraliser les arrivées de vivres venant de toute la région. Nous sommes plusieurs bandes qui oeuvront dans les environs ... pitié, aidez moi. mon bras, s'il vous plait ..."

Jouant avec le bout de la flèche, Thorguiln réfléchit deux minutes.
"Ca fait un joli bruit, tu trouves pas ? tzoing tzoing ... rigolo ... bon le probleme mon grand, c'est que tu as pas repondu à la question. je te demandais où ca allait, pas d'où ca venait !"

Secouant la tête de gauche à droite, il releva doucement sa hache.

"Non attendez, attendez ! Je ne sais pas où ca doit aller. Le chef rencontrait régulièrement un vieil homme, habillé en blanc bien souvent. Et généralement, peu de temps après, certains d'entre nous faisait un convoi et partaient pour les ruines des collines venteuses. La bas, on rencontrait une bande de semi-orques, à qui on refilait la camelote, et on rentrait ... J'en sais pas plus ... pitié ... mon bras ... ca fait mal !"

"hmmm ... moui moui ... les collines venteuses ... pfff j'aime pas cet endroit. Trop sec ! Dommage pour toi."

Et Thorguiln abattit sa hache sur la main du bougre, qui s'écroula au sol, se vidant de son sang ... Il arracha la fleche de l'arbre et retira la main qu'il jeta au sol près de la tête de son propriétaire.

"Tiens Sath, reprends ta flèche. On pars dans les Collines Venteuses."