Le retour de Toli

Un mot est affiché sur le portail d'entrée du jardin de la Chaumière :

Je ne vous salue pas !

Vous ne l'aviez peut être pas remarqué, mais je viens de m'absenter une semaine, semaine que j'ai passé au Club Ered, une sorte de camp d'entrainement en Ered luin, où on vit dans des petites cases avec des noms à la con, et tout un tas d'activités grotesques avec des mecs qui vous chapotent et qu'on appelle les GO (Grands Ordonnateurs).

Et là, je suis pas du tout d'accord ! C'est quoi ce bazar à la Chaumière ?! Les fûts sont vides et personne n'a pensé à commander le plein chez Propser ! La couche de poussière sur les meubles est aussi épaisse que la semelle de mes bottes ferrées, semelle que certains ici vont se prendre dans le fondement si je les chope ! Carrigan absent, je pensais que la Chaumière serait tranquille, mais là, j'avoue être particulièrement désappointé ! Je suis revenu et ca va barder ! Bon dieu de bon dieu : personne ne recrute de novice ? Je vais quand même pas demander aux officiers de passer la serpillière !!!!

Ceci étant dit : au cours de mon séjour, j'ai appris à monter à cheval (foutues bourriques que ces poneys !) et à tirer à l'arc, ce qui me permettra de vous pourchasser plus efficacement et même de vous tirer dessus, de loin ! C'est fini les gentillesses ! Que ce soit dit !

Sur ce, je m'en vais en choper un ou deux : ca va être l'enfer pour eux. Il y a du ménage en retard !
Je vous souhaite une mauvaise journée.

Toli,
Intendant Général, Maitre Tresorier, Responsable Serpillier et Botteur de Fion officiel des Amis du Vieux Tom

Tiens je ne sais pas pourquoi, mais cela me fait penser que l'on une nouvelle recrue...

Je suis absent, veuillez laisser un message à Adénis ! Na !

Pour ce quie st des fûts, fallait bien renouveller le stock ! Bon par contre, j'ai pas pu en acheter, j'ai plus un rond! Et pour la serpillère, jamais !

Allez, dépèches-oi, nettoies-nous tout ça... on va pas non plus te payer à passer des après-midi dans l'herbe du jardin, non?

Non mais...
*s'attend à une gueulante ...*

Pour le coup, Toli devient rouge écarlate, puis violet, puis tout blanc. On peut le voir se baisser, astiquer les fers au bout de ses lourdes bottes en cuir de mantoglier des marais.

Il ferme les yeux, pose ses doigts dessus, la tête baissée, dans une vague posture de résignation extrème. Puis sans un mot, il enfile ses épais gants cloutés en cuir brossé et en maille de khazad, se rapproche de Glorilin, lui pose une main sur l'épaule avec toute la délicatesse d'un ours Griffécorce en colère, puis, tout en le regardant droit dans les yeux, lui explique "gentiment" où se trouve son intérêt :

"Alors le petit Glorilin, il va arrêter de se la couler douce, les doigts de pieds en éventail, sur MA pelouse, de MA Chaumière, il va se remuer son popotin, prendre un chiffon dans le local qu'il connait bien, et il va prestement aller me faire la poussière depuis les sombres recoins de la cave humide, jusqu'au plus hautes poutres du faitage dans le grenier. Jez veux plus y voir un grain de poussière, une toile d'araignée, une seule tâche. Et quand il aura fini, il ira me changer la flotte de son bocal à cornichon qu'il m'a collé dans la salle des Officiers parce qu'elle commence à verdir et ca fait mauvais genre ! Et prestement, sinon je vais y tirer les poils d'oreilles tout en y bottant l'arrière-train jusqu'à ce qu'il ressemble à un elfe, avec des oreilles de 3 metres de long, et une douleur dans le fondement qui oblige à marcher droit comme un I !"

"Et pas la peine de te plaindre à ton chef, on a un arrangement : j'y fous la paix et il me permets de vous maltraiter en toute impunité ! Equitable, non ?

Pendant le long monologue du père Toli, Glorilin avait eu le temps de bourrer sa pipe d'herbe, de l'allumer et de tirer quelques bonnes bouffées tranquillement.

Puis Toli fini son petit speech. Visiblement il s'attendait à ce que Glorilin file à la cave chercher la serpillière et le nécessaire pour lustrer les meubles. Alors, Glorilin s'en alla à la chaumière comme demandé. Et ce n'est qu'au bout d'un bon quart d'heure qu'il en ressorti.

La père Toli était dans le jardin. Il s'énervait après deux petits écureuils qui jouaient sur la fontaine elfique. "Vont me foutre le camp ceux-là ? Vont ...PAF... tout rayer... PIF... et puis arréter de me lancer des ... PAF... noisettes sur le tronche....PAF ...espèces de sales petites fripouilles ! ...PAF... La dernière noisette vint s'empaller sur le pif ma foi bien volumeux du nain, ce qui le fit rugir et fit finalement partir les écureuils bien contents d'avoir gagné cette première manche.

Grommelant, le père Toli se retourna vers Glorilin et le vit sur le porche avec un sac à dos rempli et un air guilleret.

"Voilà ! J'ai tout vidé la cave pour le nettoyage. Plus rien qui gène dedans, ça sera plus pratique pour le grand nettoyage. Plus aucun saucissons, j'ai enlevé le dernier jambon et le dernier fût caché; j'ai même enlevé les bagues d'herbe à pipe qui pendaient à la grande poutre. Ca va être plus pratique pas vrai?
Mais vois-tu Toli, il y a un détail que tu as oublié : l'inconvénient de tes superbes bottes c'est qu'elles sont lourdes. Solides certes, redoutables pour les croupions, mais lourdes... Et vois-tu dans le cas présent, j'y vois un avantage pour moi, puisqu'avec mes chaussons, je suis capable de piquer un sprint et de finir tranquillement en petite foulée pendant des kilomètres et des kilomètres. Alors pendant que tu vas nettoyer la chaumière, ben je vais me charger des victuailles que j'ai mises dans mon sac-à-dos !
A bon entendeur salut !"

Et sur ce, il pris ses jambes à son coup et fila à toute allure devant l'air rougeoyant de Toli...

... l'air rougeoyant de Toli, qui, remis de sa surprise, encocha une flèche à son arc.

"Va apprendre que les nains savent aussi bien viser que miner, celui là !"

La flèche décrivit une large courbe ascendante avant de foncer droit vers le dos du Père Glorilin, pour aller clouer les fameux chaussons de courses au sol, non sans avoir déchiré au passage le fond du sac, qui répandit son contenu au sol.

Et là, Glorilin dut finir de s'enfuir en laissant derrière lui un de ses chaussons en toile, ces chaussons si somptueux, si beaux, si luxueux, si légers et maintenant si plantés au fond de la boue.

"Je te retrouverais, foie de cygne, je te retrouverais. Tu vas la passer un bout de temps la serpillière, je te le dit !"

Et Toli éclata d'un profond rire caverneux, sépulcral et terrifiant, avant de ramasser les jambons, les saucissons et le fût caché qui ne l'était plus !